1. |
havre
03:05
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ville mère
matrice à êtres
flots d'eau glaciale
île sans âme
j'y ai passé
des journées
à déambuler
sans trouver un café
mais le silence
mais l'absence
mais les ponts de bois
me rappellent à son ventre
plus d'une fois
le vent m'a
balayé au-dedans
pour tout recommencer
et le long des eaux
sur les ponts éteints
il me faut naître encore
et encore s'il le faut
dans d'autres villes
vendanges à tout va
je reste et j'attends
que septembre passe
long et beau
ce corps à corps
pluie après pluie
l'horizon se précise
le temps s'emploie
à me battre le coeur
à son rythme essentiel
le mien
oh ville vide
laisse-moi me combler
pour qu'en tout lieu
mon havre soit intérieur
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2. |
chrysalide
03:20
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douce drogue
pour t'enfuir loin de toi
je n'étais plus rien que ça
j'ai cru juste
de t'être nécessaire
en bravant les augures
c'était beau
de m'imaginer
que le destin nous liait
c'était de peur
qu'une fois loin de moi
tu lâches toute prise
peu à peu
fuyant la solitude
sourds à nos intuitions
dans le noir
étrangers à nous-mêmes
je crois qu'on a perdu le nord
mais depuis que je te vois de plus loin
je sens ton halo de lumière
je t'entends te dénouer
et chanter enfin d'une voix vraie
tout ce temps
j'ai su que j'aimerais
ce que ton armure cachait
maintenant
qu'on y voit à travers
j'ai cent raisons d'être fier
on se croyait dans un écrin de soie
chrysalides pas encore
verra-t-on un jour le sol de plus haut ?
chrysalides jusqu'alors
---
au feu ces habits de prince
au bûcher ce personnage meurtrier
j'ai cessé de t'être vital
et j'ai commencé à t'être éternel
une étreinte indélébile
l'encre résiste aux temps difficiles
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3. |
deux cafés
03:16
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de plus en plus
de temps passé à m'isoler
ma sociabilité
commence à être handicapée
de plus en plus
d'embryons d'amitié
avortés abandonnés
car j'oublie comment commencer
de plus en plus
de temps passé à espérer
la grande, la vraie
la plus totale épiphanie
de plus en plus
de terrain conquis par le vide
les choses étaient-elles
si difficiles auparavant ?
---
deux cafés svp
enfin surmontée ma timidité
(l'initiative de proposer est signe d'être un peu ressucité)
donnez persévérance
quand je ne sens tout de go l'évidence
(ne pas gâcher sa vie à guetter la fraternité instantanée)
amours éternelles
je ne vous ai pas d'emblée trouvées belles
(quand vous étiez des étrangers n'a-t-il jamais fallu vous éprouver ?)
si mais dorénavant
ça me brûle de rester trop longtemps
(de votre belle flamme brûlez donc, ceux qui ne brûlent périront)
---
on m'a dit de ne rien refuser
je me tuais à trop hésiter
aucun avenir à fuir vos regards
aucune raison de fuir le frisson
fondre vers l'autre et l'apprivoiser
dans sa formidable altérité
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4. |
chanson-vin
02:04
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comme le sol, quand il est libre de régir son équilibre microscopique,
tient le journal intime du temps qui passe,
comme la vigne, quand elle est libre de se fondre à quelques siècles de profondeur,
exhume l'envers du décor souterrain,
comme le vin, quand il est libre d'une trame qui le rendrait autre que lui-même,
de l'intérieur, se révèle et en dit tant,
cette comptine, est-elle libre, assez libre pour témoigner d'autre chose qu'elle-même ?
pourrait-on sentir le goût de son bois ?
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5. |
du sud vers le nord
01:51
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du sud vers le nord
on voyageait ensemble
la nuit entre vous deux
j'étais comblé et heureux
en route vers ton âtre
à 150 à l'heure
le zigzag entre les files
rendait le présent si urgent
la chaleur parmi les siens
me fait me sentir bien
plus que vous pensez
que de blessures que vous pansez
puis le lendemain
une lettre à quatre mains
pour toi d'amour empreinte
a délivré nos sentiments
le regard diamant
la candeur et ses miracles
se scellait à l'instant
quelque chose de si important
oh lanterne immortelle
oh chaleur formidable
ni le noir ni le froid
ne m'effraient plus dorénavant
le grand pahae de bruxelles
éclaire toujours ma citadelle
je t'ai au coin de l'oeil
tu me regardes m'agiter
bonheur en puissance
que le temps te garde
ici c'est si réel
tant de choses à comprendre encore
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6. |
la voie propre
02:39
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se sentir creux
se trouver terne
sans essence propre
et sans relief
mourir d'ennui
subir les jours
et se complaire
dans l'autodesctruction
et dans la fuite
se réfugier
dans le confort
peur d'être seul
peur d'être vide
peur de n'être
qu'une pâle copie
les forêts froides
les rues arides
le bord de l'eau
la nationale
le calme d'or
le chant des champs
et les bruits blancs
temples d'autoconstruction
en s'y plongeant
cavalier seul
assidûment
le miroir brille
d'une lumière étrange
que de trouvailles
dans le silencee de l'autre
un peu d'espace
pour se sentir
soi rien que soi
sans compromis
ni faux semblants
un instant pour
se sentir ressentir
un soir d'été
que je doutais
marchant avec
celle que j'aimai
yeux dans les yeux
elle m'assurait
que mon existence est exceptionnelle
et j'y repense
quand me fait défaut
la confiance
quelque tendresse
et bienveillance
à tout jamais
je suis tiré d'affaire
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7. |
sanguine
03:30
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dans ton nez du coton tu mets et tu es belle
dans mon nez du coton tu es douce et tu mets
combien de linge rouge de cascades de sang
de mère en fille en fils le sang nous coule tant
sur la joue que j'aimais, au moment le plus doux
une goutte de sang, tombée comme de la pluie
aurais-je dû rougir plus que je ne l'ai fait ?
mais cette pluie filiale, c'est ce que tu me laisses
sur ma peau, dans mon sang, sur ma langue, dans mon foie
l'architecture cellulaire poursuit sa loi génétique
et le long de mes lèvres, je ressens ta présence
peu à peu avec l'âge calque de ton image
dois-je un jour en souffrir, je n'y verrais que gloire
fier de n'être infaillible, car c'est ce qui nous lie
on dit te voir en moi, qu'on sait que qui je tiens
mais ai-je su jamais qui au fond tu étais ?
ces objets que tu laisses sont vidés par l'absence
tous baignés de silence, tous orphelins de sens
cent questions en suspens de n'avoir pris le temps
je parcourrais la terre pour voir clair dans ton mystère
tes grandes amitiés m'éclairent dans le noir
des extensions de toi et moi leur écran de toi
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8. |
kvarteret korpen
03:00
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qui fantasmes-tu en moi ?
est-ce un clone de toi ?
quand tu rêves de mon futur
n'est-ce pas à ta mesure ?
mes rêves et raisons d'émoi
qui sait si tu y crois ?
j'ai pris le pli de les taire
pour ne pas te déplaire
d'une étreinte paternelle
s'échapper semble cruel
quand je sens que ton oeil s'irise
mon corps se tétanise
c'est l'heure de lever les voiles
las de trop décevoir
faire honneur à mes idéaux
les chanter fort et haut
demi-vie dans le compromis
et l'autre en confettis
vouloir gagner ta fierté
n'engendre que du regret
je reproduirais les erreurs
qui colonisent ton bonheur
il est temps que je sois quelqu'un
dont tu ne rêves pas
sur le quai, sourire aux lèvres
j'ai enfin en vue le havre
plus besoin de concession
ni de bénédiction
ce n'est pas la fin du monde
juste un instant dans l'ombre
et ce n'est pas du désamour
ni un au revoir
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9. |
satori
03:20
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chorégraphie sereine de mouvements lents
danse imperceptible qu'on croirait de statue
mais qu'importe l'allure nul besoin de parade
spectacle saisissant pour audience de patience
sous la simplicité la maîtrise totale
indéstabilisable rivière d'automne
le monde et son tumulte lui tiennent dans la main
et lové dans son gant ne m'apercevais de rien
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10. |
chanson aux pommes
03:51
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magnétisme d'une terre
que je ne connais guère
la ville, rien d'autre que la ville
c'était trop peu
il a suffi de quelques fruits
pour me changer la vie
par des forces qui me dépassent
qui me font peur
rituels d'un autre monde
secrets de l'arrière-pays
la beauté que j'en entrevois
particules d'on-ne-sait-quoi
d'une matière que j'imagine
qui n'a sans doute rien de réel
le voile des livres d'école
m'occultait tous ces chemins
vertige cultural
par prophètes interposés
le clair de lune a traversé
la grisaille jusque dans mes sens
des miracles j'en ai vu
je ne pensais plus en voir
mon corps si souvent inerte
ils finissent par pleuvoir
des miracles j'en ai vu
assez pour y croire
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